Comment va-t-elle? La blonde hausse les épaules. Que voulez-vous qu'elle réponde, elle n'en sait pas plus. Installée sur la table de la cuisine, elle se tourne vers Jagger, blottie dans un coin du fauteuil. De là où ils sont, ils peuvent l'entendre parler. Seul le silence lui répond. Elle Elle lui parle encore... Elle ne parle plus qu'à lui... Lui, il est mort, lui, elle est la seule à le voir. Ils murmurent. Ils ne veulent pas que leur conversation lui parvienne. Leurs traits sont tirés. Leurs yeux sont cernés et fatigués d'avoir versé autant de larmes. La blonde passe une main dans sa chevelure, elle laisse échapper un soupire, lasse, elle s'enfonce sur sa chaise, détournant son regard de sa meilleure amie. Ses mains se crispent sur sa tasse de café. Les larmes viennent investir son regard. La main du jeune homme vient délicatement s'emparer de celle de la jeune fille. Un sourire, tendre et rassurant. Laisse lui le temps. DU TEMPS? Bon sang, tu te fous de ma gueule j'espère. Ça fait quatre mois. QUATRE P*TAIN DE MOIS. Moi aussi je l'ai perdu. Moi aussi ça me fait mal... Oh s'il te plait Babeth, on sait tout les deux ce qu'ils représentaient l'un pour l'autre.

La fenêtre de sa chambre s'ouvre. Elle apparaît, elle sort, elle fausse compagnie à ceux qui l'attendent dans le salon. Elle n'est plus réellement elle même. Le regard vide et impassible, elle exécute un ensemble de mouvement sans y réfléchir. Tout ses gestes semblent si naturels, elle ne prend même pas la peine de le remettre en question. Ses pas la guide. Elle ne sait pas où elle va, mais elle y va. Elle a l'impression que son corps ne lui appartient plus, pire, elle a l'impression d'être dans le corps d'un autre. Elle sillonne les rues du petit village. Il fait nuit, elle n'est une ombre parmi les autres ombres qui se dresse dans l'obscurité. Elle est envahie par une sentiment de douce quiétude. Elle ne se l'explique pas. Elle marche avec la certitude que quelque chose de meilleur l'attend au bout du chemin. Elle n'a rien pris avec elle, elle a tout laissé derrière elle. Rien ne la touche, rien ne l'atteint, pas même le froid, pas même la neige. Ses pieds laissent des traces dans les chemins immaculés. Elle finit par traverser le pont. Elle s’immobilise, scrutant les rails de chemin de fer. Elle passe par dessus la rambarde, elle s'installe contre la pierre froide et gelée, le vide sous ses pieds. Au loin, des fards, tels deux yeux qui évoluent dans les ténèbres, filant vers elle. Le train s'approche. Les battements de son cœur s'accélère. Elle sent l'adrénaline s'emparer d'elle. Elle effleure une liberté qu'elle recherche depuis trop longtemps. Le train s'approche encore davantage. Elle se donne une impulsion, elle glisse contre la pierre, au moment où elle se laisse tomber, des bras se referment sur sa taille pour l'étreindre. Ses orbes s'ouvrent grandement. Un corps tombent et heurte le train. Le corps d'un être quel a trop aimé. Un corps qui n'est pas le sien. Elle réalise enfin. U hurlement s'échappe de ses lèvres. Les larmes lui montent aux yeux, ses mains s'agrippent aux bras qui l'ont retenu. Je suis là, Jag, je suis là. Sa voix est douce, elle se veut rassurante, mais elle tremble de peur, elle masque ses sanglots.

Mademoiselle Fitz-Beal, installez-vous. Je ne sais pas ce qu'il vous on dit, mais je vais bien. Installez-vous, Jagger. Elle roule des yeux, elle laisse glisser son sac de son épaule avant de se laisser tomber sur le fauteuil. Je vais bien... Sa voix n'est qu'un murmure, peu assuré. Ses doigts s'enlacent, trahissant sa nervosité. Parlez moi de lui... Elle fronce les sourcils. Elle se pince les lèvres. Son regard se glisse sur les environs. Il est là, il se tient à côté d'elle. Sa main se tend vers elle, se posant contre le fauteuil. Elle sourit et vient déposer sa main contre la sienne. Ne lui dit rien, Jag, il va s'en servir contre toi, il va s'en servir contre nous, il veut nous séparer. Elle hoche la frimousse, elle tourne son regard vers le psychiatre. Elle se contente d'hausser les épaules et de lui dire exactement ce qu'il veut entendre, ou plutôt, ce qu'elle croit qu'il veut entendre. Il me manque.

Patiente n° 13121989
Jagger Liam Fitz-Beal

La patiente présente des troubles causés par un stress post-traumatique important. Ses hallucinations la déconnecte complètement de la réalité. Elle est instable et plongé dans le déni pour la plupart du temps. Elle revit l’événement traumatisant dans des crises violente et ne s'en souvient pas lorsqu'elle reprend conscience. Son cas est très préoccupant, je suggère qu'elle soit envoyé à Shutter Island.