Les deux petits se regardaient, droit dans les yeux, comme si un enjeu des plus importants résultait de leur conversation d’enfants. « t’façon moi, je serais un super héros. » « t’as toujours rien compris : ça existe pas les super-héros ! » « bon ok. Alors je serais président ! » « bah moi, mieux que toi. Je serais policier. » « policier ?! mais c’est nul ça comme travail. » « nan, parce que je serais pas n’importe lequel des policiers, le plus fort de la terre entière et de l’univers, j’arrêterais les plus gros méchants. Pire mieux qu’un super héros. » « ouaah. »


au final, ce rêve de gamin qu'avait vite exposé jack avait été sitôt oublié. l'adolescence. un vice ? oui c'était bien cela ! durant ces quelques années de jeunesse dorée qu'il connut, le jeune garçon transforma sa vie en une déboire assez commune de cette tranche d'âge. la clope devint sa première amie de la journée, l'herbe sa première amie de soirée, accompagné de la vodka, cela devenait le couple parfait. parfait pour se torcher la gueule, oui.
il tournait si bien qu'il en oubliait presque que l'école existait. ou du moins que le lycée demandait un certain travail. après tout, il se rattraperait bien plus tard, entonnait-il. c'est alors que, se retrouvant seul devant ses choix après avoir décroché son bac avec une grande difficulté et une mention assez minable, il décida que les études de psycho serait la meilleure solution. évidemment, elles avaient la réputation de recueillir les jeunes gens paumés qui ne savaient pas quoi faire de leur vie. et bien c'était vrai. mais après quelques mois à ne rien faire, jack se rendit compte que ce qui allait se trouver au bout c'était bel et bien le chômage. sa fierté l'emporta. ce n'était pas possible de finir sans rien dans les bras. alors, il se mit à bosser. puis, bifurqua en médecine pour partir dans une filière de la psychologie plus solide.


Marre. Il n’en pouvait plus. Bosser. Bosser. Et pourquoi ? Un métier. Aha. Risible. Une belle connerie. Société. Ponion. Hum. Beau cul. Jack arma son regard qui bifurquait au bas des reins d’une jeune brune qui passait par là. En effet. Beau cul. Il l’observait alors lentement s’assoir à la table en face de la sienne. D’un zieuté discret, il décrypta son visage, ses traits, ses sei… non. Un peu de tenue, Jack. Il cligna des yeux. Bon ok. Il fallait bien s’autoriser à vivre. Belle poitrine. Bordel. Elle était parfaite ou quoi ? Manquerait plus que son père soit riche, et que tiens, sa mère soit morte. Bon Dieu, mais il était atroce. Il fallait véritablement qu’il calme ses pensées qui devenaient de plus en plus celles digne d’un beau salaud.

Il poussait sa chaise tranquillement, et se dirigeait vers la jeune femme. « bonjour, Jack. » lança-t-il. Série américaine bonjour. Oh et puis merde. Même s’il ne savait pas s’y prendre, il allait bien réussir à la mettre dans son… hum. A la séduire, en vue d’une relation stable. Evidemment. Il lui souriait. Baisse ce sourire, t’as l’air niais, regarde la dans les yeux. Oui voilà comme ça. Elle relevait le visage et plantait à son tour ses pupilles dans les siennes, empreintes d’une pointe de défi. Un défi ? « hum, oui ? » demanda-t-elle, revêche. « Je viens de me présenter, la moindre des choses serait que vous fassiez de même… heu… s’il vous plait ? » « et s’il ne me plait pas ? » « aha. » « bon vent, mister jack. » « bon vent ? je ne compte pas lâcher l’affaire aussi facilement. » « quelle affaire ? » « celle dont vous êtes l’étoile, mademoiselle. » Elle souriait à son tour. « c’est un peu trop pour moi. Et vous n’avez pas la gueule de vos paroles. » « c’est-à-dire ? » « vous n’êtes pas du genre à parler d’étoile, je me trompe ? » « pas du tout. Vous avez raison sur toute la ligne. Sauf sur un point : vous allez bientôt craquer. » « à propos de ? » « commencez par me donner votre nom » « vous croyez que c’est aussi facile ? On ne me donne pas d’ordre à moi. » « hum, rebelle. Ca me plait. » « vous vous enfoncez dans votre petit jeu tout seul, vous en êtes presque… ridicule ? » « je ne vous demande que votre nom. » « d’accord… mais je craque simplement pour ça, ne vous imaginez rien. Rose Dubois. » « Rose Dubois ?! c’est une blague ? » repondit Jack en riant. Elle se renfrogna. « ça ne me fait pas vraiment rire. » « oh pardon, madame se sent vexée. Je vais devoir me faire pardonner. » « ça veut dire quoi ça ? » « je vous invite au restaurant, cela vous dit ? »


« Christian, Jack, Streep, acceptez-vous de prendre pour épouse Rose Dubois ici présente jusqu’à ce que la mort s’en suive ? » « bah… oui. » « je vous déclare alors unis par les liens du mariage ! » leurs lèvres se joignaient tendrement. Il était heureux. S’en était presque fou. Le grand idiot de Jack magnifiquement heureux le jour de son mariage. Mon Dieu. Il en deviendrait presque attachant. Et on s’accordait même à lui donner l’adjectif d’adorable. Malgré ses quelques pulsions de grand enfant, il n’en restait pas moins incroyablement sensible. Rose le regarda dans les yeux, tandis que les applaudissements fusaient dans l’église, et elle lança. « tu pouvais pas dire un oui normal, voyons ? » « quel interet ! Et puis, ne rale pas. Je te rappelle que tu y gagne au change en m’épousant. » « comment ça ? » « et bien… Rose Streep c’est beaucoup moins ridicule. » en vérité il s’en rendait compte : il était amoureux. Et d'une manière tout à fait inconsidérable.

« monsieur streep ? » « oui c’est bien moi ? » « ici l’hopital saint lina. » « heu.. ou…oui ? » « une mauvaise nouvelle, j’en suis désolée. Votre femme a eut un accident de voiture, elle est dans nos locaux. Non, ne vous en faites pas elle n’a rien ! Du moins… du moins pas elle directement. Le… l’en… Hum. Elle a fait une fausse couche. » le combiné tombait au sol. Ses genoux venaient s’abbattre violement contre le plancher. Il pleurait. Pleurait comme il aurait hurlé. Une douleur folle venait le ronger avec sadisme, ses joues striées par des larmes bouillantes. Son cœur n’en pouvait plus, ses esprits s’embrouillaient et soudain il s’écroulait au sol, secoué par des sanglots. La folie. Voila ce qui le prenait au cou.