Eylianna est née à Boston où elle a passé toute son enfance. Issue d’une famille modeste, elle a pourtant nourri le rêve de devenir avocate quand elle serait grande. Pour rendre cela possible, elle n’a cessé de travailler même si ça ne l’empêchait pas de passer un peu de temps avec ses amis pour s’amuser. C’est le bon dosage des deux qui rend la réussite possible. Elle n’est pas le seul enfant de sa famille ayant une petite sœur prénommée Madeline et un grand frère appelé Alaric. Elle a toujours été très famille puisque c’est l’une des choses les plus importantes dans sa vie et cela ne changera probablement jamais.
ANECDOTE 1 : Aujourd’hui, j’étais en retard. Certains disent panne d’oreiller mais pour moi, c’était une panne de réveil. Les piles avaient décidé d’arrêter de fonctionner au cours de la nuit apparemment ce qui m’avait valu de me lever vingt minutes en retard. Avec trois enfants à la maison en plus de mes parents, j’peux vous dire que ça a été la troisième guerre mondiale pour que je parvienne à prendre ma douche pour parvenir à rattraper mon retard. Un baiser pour chacun et je filai au volant de ma voiture. Boston… J’aimais cette ville mais parfois, je m’impressionnai moi-même en ayant des envies d’évasion. Il fallait que j’aille en campagne pour me changer un peu les idées. J’irai probablement voir ma grand-mère vivant au Texas aux prochaines vacances. Arrivant finalement au parking de mon lycée, je tentai désespérément de trouver une place. Alors que je m’engageai pour me stationner, un type me piqua la place. «
Tu as de la chance de ne pas avoir accroché ma voiture, CONNARD ! » J’arpente une nouvelle fois les allées du parking et finis par trouver une place plus loin de l’entrée que la précédente. Tant pis, ça irait bien, je n’avais pas le temps de chipoter. Alors que je marchai dans l’allée pour rejoindre les marches me permettant de pénétrer dans l’enceinte de l’établissement, on me tira par le bras. «
Alors, tu te crois prioritaire avec ta poubelle, Standford ?! » Je ne manquai pas de pousser un soupir. «
Désolée mais je préfère gaspiller mon temps à faire autre chose que de parler avec toi. Ah oui, j’oubliais. J’préfère avoir une poubelle comme tu dis que d’acheter une voiture que je ne sais même pas conduire juste pour me la péter. » C’était fait, j’espérai bien qu’il me foutrait la paix maintenant. J’avais des affaires à récupérer dans mon casier, encore fallait-il que je me rappelle du code cette fois. Une fois devant celui-ci, je tentai de l’ouvrir mais ça ne fonctionnait pas. Pourtant, j’étais certaine du code pour une fois. Je donnai un coup de pied dans les casiers et certains regards se tournèrent vers moi. Le lycée, c’était le pied comme ça pouvait être la merde certains jours. Un garçon vint vers moi, il traînait avec le crétin du parking. «
Besoin d’aide ? » Il esquissa un large sourire sur son visage et je crois que j’aurais pu fondre là. Je lui souris à mon tour. «
Oui, je veux bien. Je crois que… » Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase qu’il avait débloqué mon casier. J’eus alors un léger rire nerveux. Si c’était aussi simple, pourquoi je n’y étais pas arrivée ? «
Ces casiers sont capricieux de temps à autre. Appelle-moi la prochaine fois. Au fait, je profite pour m’excuser du comportement de mon pote. Il peut agir comme un vrai connard parfois. » «
Moi, j’aurais dit tout le temps mais bon… Je m’appelle Jules. » «
Et moi, Jasper. Content de te connaître. » il me serra la main mais je sentais comme quelque chose qui me grattait. Il s’en alla aussitôt. Bah tiens, pas bête le type. Il venait de me glisser un papier avec son numéro de portable. Je ne savais pas trop si je devais le garder ou pas. Je le glissai dans la poche de mon jean, pris les manuels dont j’avais besoin et rejoignis la salle de classe. Après trois rendez-vous, Jasper et moi nous sommes mis en couple. Tout le monde n’a pas approuvé mais on s’en moquait. Nous étions bien ensemble et nous n’avons pas tardé à faire des envieux, les gens nous voyant comme le couple modèle.
ANECDOTE 2 : Il était quatorze heures à présent. J’avais rendez-vous avec Jasper à midi et demi. En plusieurs années de relation, il n’avait jamais été en retard. Je ne tardai pas à comprendre que quelque chose n’allait pas. Je me faisais du souci et je décidai donc de me rendre chez lui. Je toquai plusieurs fois à la porte mais je n’eus aucune réponse. Sachant où il cachait le double des clés, j’allais le prendre derrière le pot de fleurs au bord de la fenêtre du couloir et mis la clé dans la serrure. J’entrai et l’appelai. Toujours aucune réponse. Bordel mais que faisait-il ? Ce fut le choc lorsque j’arrivai à proximité de la salle de bain. La porte légèrement ouverte, j’aperçus du sang. «
Oh mon Dieu. » Menée par mon inquiétude, je me dirigeai en courant dans cette pièce, consciente que j’allais probablement être témoin de quelque chose d’horrible. Et là, je le vis, étendu sur le sol, baignant dans une mare de sang. Non, il ne pouvait pas être mort, c’était impossible. Je me mis à genoux près de lui, mon pantalon s’imbiba de son sang mais je m’en moquai. Prenant son visage dans mes mains, les larmes noyant mes joues, je le regardai. «
Jasper ! Jasper ! Réponds-moi, s’il te plaît. Tu ne peux pas m’abandonner, hein ? N’oublie pas tous les projets que nous avons fait ensemble… J’peux pas vivre sans toi, tu l’sais. » Il ne me répondait pas alors je me saisis de son poignet afin de tenter de distinguer un pouls. Il y en avait un, Dieu merci, mais très faible. Je ne manquai pas de remarquer que ses bras étaient parsemés d’entailles. Qu’est-ce que cela signifiait ? Je n’avais plus qu’à attendre l’ambulance. Il ouvrit les yeux alors que j’entendai la sirène dans la rue, indiquant qu’ils arrivaient. «
Mon dieu, que s’est-il passé ? » «
Il m’a dit de le faire ! » Je ne comprenais rien. «
Qui t’a dit de faire quoi ? » «
Une voix… Dans ma tête… M’a dit de me taillader les bras. » Après cette révélation, j’étais une nouvelle fois sous le choc. Qu’est-ce qui arrivait à celui que j’aimais depuis si longtemps ? Le brancardier le mit finalement sur la civière et je ne cherchai pas à poser de questions. A la description de la scène, les urgences avaient appelé la police. Un inspecteur vint me poser des questions. «
Bonjour, mademoiselle. Je suis consciente que vous êtes sous le choc mais j’aurais besoin de vous poser quelques questions. » J’acquiesçai par un hochement de tête. «
Que s’est-il passé ici ? Qui l’a attaqué ? »Me tenant la gorge, j’avais du mal à parler. Je ne parvenais pas à me calmer et je tremblai de partout. Il m’invita à m’asseoir sur le canapé. «
Je… Je n’y comprends rien, monsieur. Apparemment, il n’a pas été attaqué. » «
Vous voulez dire qu’il s’est infligé cela lui-même. » «
Oui. » Et je fondis en larmes de nouveau, interprétant son geste comme une tentative de suicide. Personne ne pouvait comprendre ce qu’il se passait dans sa tête.
Malgré un séjour en psychiatrie et un suivi thérapeutique, Jasper ne s’en remit jamais. Quelques temps plus tard, il a poignardé ses deux colocataires, gestes soit-disant dictés par Lucifer d’après ses dires. Je suis allée au procès, je l’ai soutenue même si j’étais consciente de sa folie grandissante. Je savais que ça aurait pu être moi à leur place mais cela m’était égal, je l’aimais toujours. J’étais certaine qu’il restait quelque part enfoui en lui cet homme que j’avais appris à connaître et à aimer pendant toutes ces années. Quand il fut condamné à être internée à Shutter Island, je l’ai suivie sans broncher et sans me poser de questions. Ma famille et mes amis ne me comprennent pas. Ils voudraient que je refasse ma vie avec quelqu’un de bon pour moi plutôt que de m’attacher à un fou. Le problème, c’est que fou ou pas, je l’aime et rien ne pourra changer cela. Je suis certaine qu’il peut changer et que je peux l’aider en étant présente pour lui, en lui montrant que rien n’a changé, que je suis toujours là pour lui. Cela fait maintenant trois mois que je vis ici pour pouvoir être auprès de lui.