Le silence est lourd dans la petite pièce, la jeune femme assise en face de moi ne cesse de tourner son alliance autour de son doigt. Signe de stress, à n'en pas douter. Assis confortablement dans un fauteuil, je l'observe. Je l'étudie. Elle n'est pas vraiment belle, ses cheveux sont sagement relevé sur sa tête dans un chignon strict, sa peau est très pâle, comme si elle était sur le point de vomir. Banale, est le mot qui décrirait pour le mieux cette femme. Insignifiante et incompétente. Elle déglutie difficilement alors qu'elle se décide a affronter mon regard. Sa respiration devint sifflante, tandis qu'un sourire ironique étire irrésistiblement mes lèvres. Soudain, la porte s'ouvre et un homme nettement plus intéressant fait son entrée. Il soupire à la vue de la jeune fille tétanisé devant moi, et lui ordonne de partir d'un geste rapide de la main avant de prendre sa place. Ses yeux bleus se glissent immédiatement dans les miens, il me retourne un sourire poli avant d'ouvrir le dossier posé sur la table. « Bonjour Nathanaël », dit-il avec un calme artificiel qui force le respect. Je perçois la curiosité de cet homme à travers son regard, il jauge mes mouvements, tente de percer les secrets de mon cerveau. Peine perdu mon mignon, murmure une voix doucereuse dans ma tête. « Je suis le Docteur Samuel Parker, j'ai été chargé d'évaluer votre cas .. » Il parle sans jamais me quitter des yeux, comme s'il recherchait une quelconque réaction. Un élan d'excitation me soulève. J'ai toujours aimé défi et cet homme en représente un, assurément. Son maintien, ainsi que le calme forcé dans l'océan de ces prunelles me laisse à penser qu'il connait déjà tout ce qu'il y a à savoir sur mon cas. Il tente de comprendre qui je suis, de pénétrer dans mon âme. Il ignore encore que personne n'y mettra jamais les pieds, je suis celui qui décide, celui qui ai le pouvoir. Quelle importance que ces incapables de flics m'ai enfin arrêté après sept ans de crime tous plus jouissif et sanguinaire les uns que les autres ? Je n'en demeure pas moins, l'étrangleur de Chicago, celui qui a vécu dans les ténèbres des années durant sans impunités. « J'aimerais que nous parlions de vous. De ces actions que vous avez commises. Du pourquoi de vos gestes. ». Je souris devant le choix de ses mots, malin le doc', il choisit ses termes avec soin, il tente de m'amadouer, il espère entendre mes excuses pour tous ce sang que j'ai versé, des remords pour toutes ses vies que j'ai arrachés, vaines attentes. Je ne ressens rien quand je repense à mes crimes hormis de la satisfaction. « Vous voulez des détails, mon cher Samuel ? S'il n'y avait que ça, il suffisait de le demander. Parlons donc de Melissa Jenkings, vous connaissiez Melissa n'est pas Doc' ? Oh oui je sais que vous la connaissiez. Ô quelle joies d'entendre sa douce voix suppliante tandis que ma lame caressait son corps à peine sortie de l'adolescente. » Les yeux du médecin sont fous, l'agitation règne dans l'océan jadis calme, un ricanement s'échappe de mes lèvres. Pauvre homme naïf, il ignorait l'étendue de mes pouvoirs et l'argent que je possédais ne servait qu'à les accroitre. Dès l'instant où il avait demandé à être en charge de mon dossier, j'avais appris qu'il était l'oncle de cette jeune fille morte sous mes doigts, qu'il brûlait de la venger, qu'il rêvait de comprendre ce qui était arrivé à cette nièce qu'il aimait tendrement, qu'il était senti obligé d'apporter des réponses à sa grande soeur totalement anéantis par la perte de son enfant. « Vous ne faites pas le poids face à moi, Samuel. Un seul mot de moi et on vous retirera cette affaire avec perte et fracas. N'oubliez pas qui je suis, mon ami. » Tirant une cigarette de la poche de mon blouson, je l'allumais avec provocation et envoyait la première bouffée dans le visage crispée de mon psychiatre. Il exultait de rage, il rêvait de passer par-dessus cette table et de me réduire en charpie. Pauvre ignorant, j'étais supérieur à lui sur tant de niveau qu'il en était ridicule. « Poser votre question, Samuel. Elle ronge votre âme n'est-ce-pas ? Elle réveille votre soeur la nuit, elle fait couler ces larmes sous vos yeux impuissants », repris-je en fumant tranquillement, tandis que le bon docteur reprenait le contrôle de lui-même, ou du moins s'y efforçait. « Pourquoi elle ? Pourquoi Melissa ? Pourquoi pas une autre ? Pourquoi espèce de fils de pute ! ». Le calme ne semblait pas être revenu, constatais-je avec humour. « Et pourquoi pas ? ». Les yeux du bon docteur se révulsait tandis qu'il se levait brusquement, faisant quelques pas dans la pièce puis reprenait place. L'heure suivante, il m'a simplement posé quelques questions, j'y répondais par ennuis. Nous savions l'un comme l'autre que la liberté n'était plus pour moi qu'un lointain souvenir, peu importait qui se chargeait de mon évaluation, tous me haïraient quoiqu'il en soit.


Il n'a fallu que quelques heures pour décider de mon sort. Il n'a fallu qu'une minute pour me condamner. Certains jurées avaient hésitées devant mon visage angélique, la rédemption peut- être ? Est-ce possible pour un homme tel que lui ? La question prenait vis sur le visage des femmes un peu trop sensible à mon charme. Puis le procureur général s'est levé, il a commencé son plaidoyer, rappelant que j'avais à mon actif 17 meurtres, que l'évaluation psychiatrique avait révélé une tendance à la sociopathie, que j'étais un danger pour la société. Mon avocat ne trouvait rien à dire, il s'est battu avec l'énergie du désespoir. Je m'en foutais. Sa carrière se briserait, comme ma vie. Quelle importance ? « Nathanaël Barrow, cette cour vous condamnes à la réclusion a perpétuité sur l'île de Shutter Island, aucune de vos demandes en appel ne sont prises en compte avant un délai minimum de cinq ans. L'affaire est close ! »