Chaque week-end était préparé avec finesse chez les Goldsmith. Les parents avaient bouclé leurs valises dès le vendredi soir, les enfants n'étaient jamais près avant le samedi midi. Et pourtant, aujourd'hui quelque chose venait de changer. L'ainé de la fratrie allait, pour la première fois sécher le traditionnel week-end de rentrer. Et sa petite soeur ferait la même chose. Pour la première fois, les enfants resteraient seuls dans la demeure principale... Les deux parents avaient accepté de les laisser avec un certains nombres de conditions. Bien évidemment, ni l'un ni l'autre ne comptait les respecter, ils en avaient parlé toutes la nuit. Wissem ne serait d'ailleurs pas à la maison du tout, elle avait l'habitude de partir, sans que son grand frère ne saches vraiment où. Clay n'aimait pas cela mais il ne voulait pas passer pour le grand frère rébarbateur, alors, il laissait faire, tout en ayant malgré tout un oeil sur elle, des informations par d'autres personnes. Sans qu'elle le sache, il savait exactement où elle était. Quand à lui, il avait prévu d'organiser la fête de la rentrée pour profiter de l'absence de ces parents et de cette belles maison avec piscine et jardin. Après tout, ils auraient été fou de passer le week-end à faire leurs devoirs... Et leurs parents risquaient d'être surpris en rentrant.
Clay était comme ça. Il n'aurait jamais eu l'idée de faire ce qu'on lui disait de faire. Il était bien plus amusant de détourner les pièges des parents. C'était un garçon intelligent qui réussissait toujours à faire tourner la situation à son avantage, un de ceux qui ont un charme naturel et vous entourloupe à la moindre occasion...
Et tout se passe toujours bien. Ce soir, il savait qu'Ana allait s'offrir à lui et il en était ravi. Non, il n'était pas avec elle juste pour son corps radieux, bien au contraire, elle avait de multiples autres qualités ! Mais tout de même, il avait hâte de parcourir son coprs... Ses pensées s'évadèrent...un peu trop, vers les corps de ses autres conquêtes...

La fête battait son plein. Clay était à l'université depuis quelques mois seulement. Il venait d'avoir 19 ans, une nouvelle fille à son bras. Une encore plus belle avec ses cheveux légèrement roux. Elle était différente, elle était intelligente. Pas comme celles qu'il utilisait habituellement. Julia ne lui était pas tombée dans les bras sans effort. Il l'avait mérité, il devait maintenant en prendre soin. Et c'est ce qu'il faisait. Bien que ce soir soit leur première soirée ensemble (et encore, ils étaient venus chacun de leur côté, elle ne voulait pas brusquer les choses).
« Neil, tu m'en sers un autre ? » Le jeune Goldsmith tendi son verre à son meilleur ami et le but d'une traite, comme tout ceux qu'il venait d'enfiler. [...] En pleine conversation, Clay aperçut Julia dans le foule. Elle semblait le chercher des yeux. Il s'excusa et se dirigea vers elle « Avoues-le, je suis de loin le plus agréable aux yeux à cette soirée... » « Tu es surtout le plus prétentieux Goldsmith ! On rentre ? » Le regard plein de sous entendu qu'elle lui lança ne lui fit pas hésiter une seconde. « Je vais chercher nos affaires, attends moi-là ! »

Ma chèe Wissem,
J'espère que tout se passe bien à la maison et je m'excuse d'avance de ne pas passer les fêtes de Noël avec vous, je sais que maman va être très déçue mais bon, ça ne sera pas la première fois venant de ma part. Et puis au final, heureusement que tu es là toi. On peut toujours compter sur toi... C'est tellement étrange de ne pas se retrouver sur les bancs de la fac depuis septembre. Quand j'y étais je ne supportais pas cela et n'avait que l'envie d'écrire et me voilà maintenant assis devant mon bureau, la page désespérément vide. Petit à petit des histoires me viennent mais elles ne sont plus aussi enjouées qu'avant. Tout est plus sombre depuis quelques années, c'est étrange, je ne sais pas pourquoi où en tout cas, je n'arrive pas à m'en rappeler.
Depuis hier, il neige sur New-York, c'est tellement beau et paisible, j'aime cette ambiance qui me rappelle presque la maison. Tout semble plus cosi, les gens sont moins fermés. Je déteste cette ville au final, vivement que je rentre... Pourquoi suis-je resté là ? J'imagines déjà tes pensées, "qu'est-ce-qu'il est négatif !" Promis, j'arrêtes de râler et je vois le bon côté de la vie. D'ailleurs en parlant de bons côté de la vie, je vais passer Noël avec plusieurs voisins. On s'est dit qu'il fallait mieux être ensemble que seul... Mais bon, je suis sûr que la dinde ne sera pas aussi bonne que celle de maman.
Me revoilà négatif ! Je suis un peu comme mes romans en ce moment : noir ! Mais, ce n'est qu'une période désagréable, je suis sûr que d'ici quelques semaines, tout ira mieux dans le meilleur des mondes. Et je sais ce qu'il me manque : un chapeau. L'autre jour, je suis sorti acheter le "Times" et là, comme par hasard, un coup de vent à fait voler mon chapeau qui est parti directement sur la chaussée alors qu'un taxi passait... Tu comprends mon désespoir j'en suis sûr...
Je ne vais pas t'importuner plus longtemps petite soeur adorée.
Tu me manques.
J'espère venir te voir bientôt dans ta belle tenue d'infirmière.
Ton grand Frère, Clay.

Pour la première fois de son début de carrière, Clay allait rencontrer un éditeur. Pour l'occasion, il avait sorti son plus beau costume, il s'était coiffé avec attention et avait revêtu sa plus belle expression. En entrant dans le cabinet, il fut reçu par une charmante jeune femme qui le mena directement vers le bureau de son patron.
« Bonjour Monsieur Wilkinson. Je dois dire que j'ai été très impressionné par votre roman. Le personnage principal y est très intéressant et l'on arrive rapidement à entrer dans la complexité de sa pensé. Bien sûr, il y aura surement quelques modifications à faire pour que tout soit parfait mais je vous avoue que ce premier jet m'a fait une très bonne impressions. » La suite de l'entretien se passa tout aussi bien pour le jeune homme. Les retouches apporté à l'éditeur était toutes acceptées et justifiées. Clayton se sentait comme dans un rêve. « Je vous laisse voir avec ma secretaire pour les derniers réglages administratifs. A mon avis, tout ira bien, nous publierons "Les forces intérieurs" dans l'année » Les deux hommes se levèrent pour une poignée de main chaleureuse. Clay fut emmener dans une pièce voisine. Il pensait se retrouver avec la même jeune femme que celle rencontrée plus tôt, il n'en fut rien ! Dès qu'elle passa la porte, son monde s'écroula. Les même cheveux roux, la même courbe du menton, le même galbe du mollet, le même sourire poli, le même air sérieux... Il avait devant lui le sosie de Julia. Aucun des mots qu'elle ne pouvait prononçait ne li était compréhensible. Il ne remarqua pas les cernes sous ses yeux, la fatigue dans son attitude, le ras le bal d'être ici, la tristesse qui s'émanait d'elle. Il ne pouvait voir que cette ressemblance physique ahurissante. Il apposa sa signature à l'endroit où elle lui demandait et s'en alla de cet endroit, le plus vite possible.

Le soir même, le téléphone sonna, sa petite soeur n'allait visiblement pas bien. Sans hésiter, il se rendit chez elle. Elle lui raconta alors toute cette histoire de harcèlement, cette vie qu'elle menait dans la peur depuis quelques mois. Elle parla de son projet de partir travailler à Shutter Island. Il la suivrait où qu'elle irait. Ils se soutiendraient toujours, quoi qu'il arrive.
Le soir même, en rentrant chez lui, il entendit quelqu'un. Une voix l'appelait depuis le salon. Surement la télé... Le poste était éteint. Le jeune homme reparti se coucher, sans se soucier plus de cela.

Quelques jours plus tard, il partait avec sa soeur sur cette île mystérieuse. Pour un petit moment, pour recommencer à écrire, pour la soutenir. Depuis leur arrivée, il se sent de plus en plus vulnérable à cette voix qui l'appelle. Toujours la même, toujours féminine, répétitive, accusatrice. Il est persuadée que l'entourage de ces fous y est pour quelque chose... Bien sûr, il ne l'a dit à personne, personne ne doit savoir. Tout va bien, IL va bien...